La nébuleuse du sucre …

Le sucre en quelques chiffres

– Chaque année, plus de 168 millions de tonnes de sucre sont produites.
– Plus de 75% de la production mondiale de sucre est issue de la canne à sucre.
– 119 pays producteurs de sucre dans le monde.
– En 2012/2013 cinq grands pays producteurs de sucre : Brésil (22%), Inde (15%), Union Européenne (10%), Chine (8%) et Thaïlande (5%).
– Le Brésil, la Thaïlande et l’Australie dominent le marché en tant qu’exportateurs nets de sucre.
– En 2012/2013, la consommation est estimée à 16 kg/habitant/an pour les pays à faible revenu compte 24 kg/habitant/an pour le reste du monde.
– Il existe 2 bourses pour le marché sucrier : Londres « pour le sucre blanc ou raffiné » et New York « pour le sucre brut ou non raffiné ».
– Le nombre de diabétiques dans le monde a atteint en 2013 le chiffre de 382 millions, contre 371 millions en 2012.

Quels sucres consomme-t-on ?

Il est difficile de répondre avec précision à cette question car il existe une multitude de sources possibles pour le sucre que nous consommons.
Alors, nous allons essayer de lister les types de sucres « les plus répandus et utilisés » dans nos aliments.
Pour simplifier, généralement, les sucres sont classés en deux types: les sucres simples et les sucres complexes. Le premier type, appelé également sucres rapides, est constitué d’une ou deux molécules, comme le glucose, galactose, fructose, saccharose, maltose et le lactose. Le deuxième type, appelé également sucres lents, est formé d’une longue chaine de molécules comme l’amidon.
Il est admis par certains professionnels que la vitesse d’absorption du glucose après la digestion du glucide dépend de la complexité de la molécule d’hydrate de carbone*.
Aujourd’hui, certains spécialistes travaillent avec l’index glycémique « IG » qui mesure la capacité d’un glucide donné à élever la glycémie après le repas par rapport à un standard de référence qui est le glucose pur. Toutefois, ces derniers déplorent une méconnaissance de l’IG et de son importance par le corps médical en particulier et la communauté scientifique en général. En effet, l’IG indique le potentiel glycémiant d’un glucide, et donc sa capacité à induire une sécrétion d’insuline en rapport sachant que plus la réponse insulinique est élevée, et plus le risque de prise de poids est important.
Pour les plus curieux, vous pouvez chercher le tableau des indexes glycémiques (sur n’importe quel moteur de recherche sur le net) mais soyez vigilants quant à vos sources d’informations, certaines pourraient vous induire en erreur !
Sinon, revenons un peu à nos sucres. Voici un petit paragraphe que j’ai trouvé sur le site de l’EUFIC « European Food Information Council » qui reprend bien quelques sucres : « Le glucose et le fructose sont des sucres simples ou monosaccharides. On les trouve dans les fruits, les baies, les légumes, le miel et les sirops de glucose-fructose. Le sucre de table (ou saccharose) est un disaccharide de glucose et de fructose. Il se trouve naturellement dans la betterave sucrière, le sucre de canne et les fruits. Le lactose, un disaccharide composé de glucose et de galactose, constitue le sucre principal du lait et des produits laitiers. Le maltose, un disaccharide au glucose, est quant à lui présent dans le malt et les sirops dérivés d’amidon. Le sucre de table et le sirop de glucose-fructose contiennent tous deux du glucose et du fructose, soit sous une forme libre (sirop de glucose-fructose) ou bien combinés ensemble (sucre).
Les polyols sont encore appelés sucres-alcools. On les retrouve à l’état naturel, mais la plupart sont commercialisés au départ de la transformation d’autres sucres. Le sorbitol est le polyol le plus courant. Le xylitol est fréquemment utilisé dans la composition des chewing-gums et des bonbons à la menthe. L’isomalt est un autre polyol utilisé dans la fabrication de friandises. Il est produit à partir de saccharose. Les polyols sont doux et peuvent être utilisés dans les aliments de façon similaire aux autres sucres, bien qu’ils puissent avoir un effet laxatif lorsqu’ils sont consommés en trop grande quantité».

Rigueur réglementaire pour les uns et vide juridique pour les autres : marketing et étiquetages

En matière de nutrition, les consommateurs manquent terriblement d’informations et d’éducation nutritionnelle. Les industriels et leurs services marketing l’ont bien compris et cela depuis très très longtemps. Alors, ils les inondent davantage d’informations complexes, floues, non pertinentes, … la liste est longue. Bref, ils jouent avec les mots, les termes scientifiques et ils en inventent même certains qui ne veulent rien dire. Ainsi, comment voulez-vous que le consommateur réussisse à adapter sa consommation à ses réels besoins nutritionnels ?
Restons sur l’objet de cet article, à savoir le sucre. Je suis parfaitement conscient qu’on ne peut pas comparer l’incomparable, notamment les réglementations liées à l’étiquetage nutritionnel en général ou celui lié aux glucides en particulier entre des pays aussi différents que la France, le Canada ou le Maroc par exemple.
Mais, il suffit d’un petit tour dans un supermarché ou une épicerie au Maroc pour se rendre compte que le tableau des valeurs nutritives est présent sur certains produits et absents sur d’autres et qu’ils diffèrent (parfois) d’un produit à l’autre. Or ceci serait inimaginable dans un pays comme la France ou le Canada. Enfin, mes propos sont à nuancer !!! Je ne dis pas que tout est parfait dans l’Union Européenne ou en Amérique du nord, loin de là, mais il est vrai qu’ils ont une législation plus solide et une société civile mieux informée et plus engagée qu’au Maroc par exemple. Chez nos amis canadiens, il suffit de voir le site web de l’agence canadienne d’inspection des aliments « ACIA » pour se rendre compte que nous sommes à des années lumières de ce qui se passe au Maroc.
Au Maroc, un décret fixe les conditions et les modalités d’étiquetage des produits alimentaires mais il date seulement d’avril 2013. Son entrée en vigueur était prévue un an après cette date or depuis, en pratique, rien n’a été mise en œuvre depuis sa promulgation !
Mes propos sont encore une fois à nuancer. Je ne dis pas que l’étiquetage nutritionnel sur les produits alimentaires étaient inexistants avant la promulgation de ce décret, mais la législation relative à ce sujet était bien trop insuffisante « comparée à celle d’autres pays », donnant ainsi aux industriels et autres acteurs impliqués dans la fabrication de ces produits de larges latitudes quant à leurs étiquetages.
A ce jour, malgré l’existence de ce décret, nous constatons que rien n’a changé et c’est d’autant plus regrettable que nos amis canadiens ne s’arrêtent pas seulement à la simple mise en place de la réglementation et à sa mise en pratique mais également à la veille et à son respect. Ils suivent aussi de très près l’évolution de ces étiquetages et effectuent des mises à jour régulières pour protéger leurs consommateurs.
Sans trop entrer dans les détails, je souhaiterai dresser quelques exemples de nomenclatures soigneusement choisies par les services marketing afin de « bien faire tourner » la tête au consommateur, l’induisant ainsi en erreur et l’incitant à consommer plus que ses besoins nutritionnels réels et en dépit de son état de santé : « faible en glucides », « glucides à teneur réduite », « source de glucides », « carbohydrate », « carb », « glucides nets », « glucides à effet nets », « glucides nets assimilables », « glucides assimilables », « glucides digestibles », « faible indice glycémique », « non glycémique », « indice glycémique = 10 », etc., l’expression que je préfère le plus étant : « carbohydrates ‘’x’’ g dont sucres ’’y’’ g ».

À qui incombe la responsabilité …

Nous, les consommateurs, sommes perdus, manipulés, ignorants, … . Deux choix se posent à nous : soit nous nous informons et développons notre culture nutritionnelle pour faire les bons choix de produits et adaptons nos achats à nos besoins réels et équilibrés soit nous restons ignorants et continuons de subir ce marketing mensonger.
Ainsi, nous ne pouvons pas remettre toute la responsabilité sur les industriels ou autres professionnels du secteur alimentaire, l’Etat et la société civile doivent également se mobiliser pour protéger ses consommateurs. Si les associations de protection des consommateurs sont faibles, mal organisées, incompétentes et passives se contentant de mettre en œuvre des actions sporadiques sans réel effet, il est évident que « nous partageons » à ce moment-là aussi la responsabilité avec les autres acteurs impliqués dans ce problème.
Cela pose d’autant plus question étant donné que certaines populations vulnérables sont atteintes de pathologies, comme le diabète, impliquant l’observation de régimes strictes en apports nutritionnels et limités en sucre. Ces dernières se retrouvent prises en otage dans cette nébuleuse commerciale mensongère mettant leurs santés en réel danger. Ainsi, les gouvernements devraient faire face à leurs responsabilités et engager de réelles actions pour protéger la santé des consommateurs en général et plus particulièrement ceux qui souffrent de maladies liées à l’alimentation.

*Les glucides sont également appelés « hydrates de carbone » ou « carbohydrates » en anglais. Cette nomenclature est basée sur leur formule chimique de base Cn(H2O)p

 

 

Quelques liens utiles :

Organisation de Coopération et de Développement Economique « OCDE »

Organisation Mondiale de la Santé « OMS »

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture « FAO »